PAROLES DU POÈTE

Chacun revêtira de ses seuls ornements les mots que le poète disperse dans le vent :
"
Mes mots sont des étoiles
Mes mots sont des émaux
Mes mots je vous les donne
Avec légèreté sinon ils vous assomment...
  "
Mais parfois certains soirs sous les fines paupières des yeux lourds de la nuit la nostalgie s'infiltre de tout son poids d'ennui :
"
Mes mots sont des sanglots
Et I 'âme des guitares
Vibre en pizzicatos
Aigus comme des dards...
"
Quand les matins joyeux se conjuguent au passé, quand ils ne chantent plus, quand les voix sont cassées, quand l'horizon plombé prend des couleurs de cendre le poète à nouveau élève sa voix d'encre :
"
Mes mots sont des pavés
A briser les vitrines
Il faut 1es soulever
Et entonner des hymnes
Tu peux les affûter comme pointes de flèches
Les brûler de passion au feu de tes flammèches
Mes mots sont des pavés à jeter dans les mares
Certains soirs des sanglots dans l 'âme des guitares
Même les plus légers sont de ceux qui assomment
Mes mots ont tout le poids de la douleur des hommes.
"
Ainsi a chanté le poète sans souci des fusils pointés ni de l'indifférence bête qui tue mieux que les lourds blindés ; a chanté comme aux jours de fête, cerné de lames acérées en sachant que c'était sa tête qu'un jour prochain l'on brandirait au bout des piques de la haine - sans pour autant l' assassiner.
Car le poète a dit de ses mots rouge sang :
"
Je n 'écris pas pour vous
Mais pour quelques enfants
Qui seront peut-être vos fils
Je n'écris pas pour vous Aveugles mécréants
J'écris sur I 'horizon aux paupières si lisses
J'écris sur le futur qui accorde raison
A tous les bienheureux bénis par les prophètes
Du royaume d'enfance où chantent les poètes
Pauvres fous brandissant le drapeau vérité
Au sommet de vos piques
En le croyant unique !
Moi j'écris les mots de l'éternité !
"

Michèle MOLTO-COURREN

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